Comment le 1945 de M6 a-t-il traité la COP 27 ?

Nous avons bien cherché et nous n’avons pas estimé que le 19h45 d’M6 était à la hauteur des enjeux climatiques. C’est avec grand regret que nous faisons ce constat car nous aimerions réellement pouvoir compter sur le sérieux du JT pour informer les téléspectateurs de l’urgence climatique et les aider à atténuer et prévenir les crises certaines à venir.

A-t-on parlé des enjeux de la COP27 ?

La COP 27 un événement comme un autre pour M6, explication :

– journée d’ouverture de la COP, un reportage d’1 min sur la COP qui reprend la phrase du secrétaire général de l’ONU et qui critique la posture d’Emmanuel Macron qui se positionne en leader alors même que son bilan est contrasté.

Puis plusieurs sujets climat (environ 5 min) qui en découlent avec des associations et experts interrogés (le RAC, l’institut du développement durable et des relations internationales), rappel des 2 condamnations de la France pour inaction climatique.. suivi d’actions coup de poing de certaines associations militantes. Dommage qu’il n’y ait pas de mise en lumière de la justesse (ou non) de la cause pour laquelle ils se battent (rénovation thermique). Histoire d’aider les français à se faire un avis de fond plus que sur la forme, par le rappel des ordres de grandeur ou l’interview d’un expert par exemple.

Donc bien, mais c’est trop bref.

Puis la COP disparaît jusqu’à la clôture 15 jours plus tard.

Avec 2min de reportage sur le COP27 dimanche 20 pour la clôture de l’événement. Il est rappelé la création d’un fond pour aider les pays en développement, il est précisé que les modalités n’ont pas été définies. Et bien que ça puisse être décevant, (ce que le ton du journalisme laisse largement entendre) les associations sont contentes d’avoir gagné une bataille de 30 années. Une interview du RAC et deuxième message pessimiste en rappelant l’ambition de 1,5 degré. On peut regretter que les journalistes ne partagent pas plus la joie des associations. Ça donne l’impression que les COP ne servent à rien, ce qui est faux.

La COP27 n’est pas un événement comme les autres, elle aurait mérité plus de considération.

  • En a-t-on profité pour faire de la pédagogie sur le climat ?

Aucun reportage :

  • n’a rappelé les propos du GIEC,
  • ni parlé de l’empreinte carbone de la France ou des français,
  • ni évoqué le lien entre mode de vie et changement climatique

Y a-t-il des points positifs à souligner ?

Quelques sujets énergie le soir même du lancement de la COP :

  • ex économie d’énergie et établissement scolaire / rénovation mais sans faire le lien avec l’impact carbone du bâtiment, ni le climat
  • un reportage improbable des Etats Unis sur l’anniversaire de candy crush couvert sous l’angle du gaspillage énergétique de l’événement (sans référence à la sobriété) et biodiversité perturbée par la pollution lumineuse.

Puis le lendemain un reportage sur la rencontre entre Macron et les 10 industriels les plus polluants suivi d’un reportage sur une usine Bonduelle et le changement de leur chaudière au gaz polluante sans lien avec le climat.

Tout au long des 2 semaines on comptabilise :

  • quelques reportages autour de l’économie circulaire sans la nommer (jouets de noel d’occasion – surtout pour des raisons économiques- ; la réparation avec la nouvelle prime réparation pour les appareils)
  • quelques reportages sur le made in France sans remise en perspective : avec le salon de la mode made in France adepte des circuits-courts et du “surcyclage” ; les 200 000 exemplaires de Phryges fabriqués en France
  • un reportage sur la pollution des mers
  • 2 évocations de la biodiversité (reportage candy crush et sur la “floride en danger” à cause des pythons qui occupent une niche écologique qui n’est pas la leur). Mais c’est extrêmement bref et ne permet pas du tout de prendre la mesure des enjeux surtout sur une période comme celle-ci.

Y-a-t-il des points d’amélioration à signaler ?

  • COP27 abordé uniquement le jour du lancement puis à la clôture. C’est clairement insuffisant. Et ce sujet aurait pu faire l’objet d’une couverture médiatique nationale.
  • La clôture de la COP est évoquée avec un ton défaitiste alors que nous avons besoin de montrer l’enjeu qui se joue et le courage de ceux qui se battent pour faire bouger les lignes, de montrer la complexité du sujet et que chaque bataille gagnée à l’échelle planétaire est énorme.
  • la plupart des sujets qui portent sur le climat (c’est à dire très peu) sont trop souvent liés à un sujet démographique, (rapprochement un peu inquiétant parfois) ou alors sont couverts d’une manière à minimiser la responsabilité de la France : ex : aucun pays ne respectent les engagements de la COP21 ; ou encore : les 1% les plus riches responsable de 17% des gaz à effet de serre en omettant de préciser où se situe la France dans ce panel ou enfin sous l’angle de l’actualité (la rencontre d’Emmanuel Macron avec les industries les plus polluantes) …
  • aucune mention de la sobriété énergétique (sauf le 1er jour mais sans la nommer) ou économique (c’est bientôt noël, vive les cadeaux, c’est bientôt les JO vive les peluches) pourtant cela relève bien de l’actualité…
  • beaucoup de sujets sport (route de rhum, Qatar, JO)  et mobilité (voiture / essence / vitesse…)  sans jamais faire allusion aux enjeux environnementaux et sociaux,
  • Absence de lien entre la quasi-totalité des sujets et le climat ni avec les activités humaines responsables du changement climatique. Aucune mention des limites planétaires ni de l’habitabilité de la Terre. Pourtant ce ne sont pas les occasions qui ont manqué entre : le navire Ocean Viking, le Qatar, les JO, les vitrines et les cadeaux de noël, les températures trop douces et les événements météorologiques extrêmes, …
  • absence quasi totale de la biodiversité ;
  • un nombre incalculable de faits divers ou de sujets people… quel gâchis de notre temps…

 

En pleine période de COP où se décide l’avenir de l’habitabilité de la planète, c’est absolument insuffisant.

Parler de la complexité de la transition écologique, donner des ordres de grandeurs, ouvrir nos perspectives d’un monde en plein changement, voilà ce qu’on attend des médias.