
En cette rentrée scolaire 2025, veille de crise politique, il nous a semblé bon de rappeler aux journalistes ne pas commettre l’erreur habituelle en laissant l’écologie disparaître encore une fois des radars.
En effet, la crise environnementale en cours est une crise de fond. Elle ne doit pas être occultée, quelle que soit la richesse de l’actualité politique. Selon l’Observatoire des Médias sur l’Écologie, les enjeux environnementaux n’occupent que 3,7% du temps d’antenne dans les programmes d’information des médias audiovisuels français. C’est peu. Surtout pour un pays amené à vivre un réchauffement de 4°C dans les 75 prochaines années, soit la fin du siècle.
Voici quelques conseils pour éviter que l’écologie ne soit, encore une fois, la grande perdante de l’actualité en cette rentrée politique.
Conseil 1 : Lier écologie et politique
Quand vous recevez un responsable politique, rappelez que la transition écologique doit faire partie de son programme et de son mandat, au même titre que la sécurité ou l’équilibre budgétaire (équilibre budgétaire fortement compromis par la crise environnementale). Posez-leur systématiquement ces questions : Quel est leur plan pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? Et pour adapter le pays aux conséquences du changement climatique ? Comment comptent-ils financer la transition écologique ?
Conseil 2 : Garder en tête les chiffres-clé
Quelques données utiles pour cadrer vos interviews et débats :
- Ne pas agir face au changement climatique coûte plus cher que changer de modèle : le coût de l’inaction climatique en France pourrait représenter -1% à -10% du PIB chaque année en milieu de siècle.
- 60% des Français sont déjà concernés par un risque climatique.
- En Europe, les événements climatiques extrêmes ont engendré des pertes économiques de 738 milliards d’euros depuis 1980.
- Il faudrait consacrer chaque année 21 milliards d’euros à la transition écologique pour tenir nos objectifs d’adaptation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
- 40 000 personnes décèdent chaque année en France des conséquences de la pollution de l’air. C’est bien plus que les décès par homicide et par accident de la route, réunis.
- « Le coût des actions visant à mettre fin et à inverser la perte de biodiversité et le déclin de la nature dans le monde, même en retardant d’une décennie, est deux fois plus élevé que celles mises en œuvre tout de suite ( rapport Nexus de l’IPBES)
Conseil 3 : Sortir de l’obsession nucléaire
C’est, bien sûr, un sujet important. Mais la crise environnementale ne se résume pas à la crise énergétique et encore moins au “pour ou contre” le nucléaire. Pour rappel, le nucléaire ne représente qu’un tiers (38%) de notre mix énergétique.
La crise environnementale touche la santé, l’agriculture, l’habitat, le transport… Rappelez ces liens et demandez des réponses précises. Comment cultiver notre nourriture sans empoisonner nos sols, notre eau et nos corps ? Comment être autonome en alimentation avec un climat qui se réchauffe ? Comment adapter nos logements face à des températures de plus en plus extrêmes ? Comment adapter les différents secteurs économiques à cette augmentation ? Si l’interlocuteur reste dans le flou, relancez ! Ce sont des sujets essentiels, au même titre que notre indépendance énergétique.
Conseil 4 : Scruter le futur gouvernement
Si un·e nouveau·lle ministre de la Transition Écologique est nommé·e, examinez son parcours. Quels sont ses liens passés ou actuels avec des acteurs économiques qui pourraient interférer avec la politique de son ministère ? S’est-il/elle déjà exprimé sur le sujet ? Comparez les moyens alloués au ministère avec le minimum théorique des 21 milliards d’euros par an nécessaires pour assurer notre transition écologique.
👉 Bref : même en pleine tempête politique, n’oubliez pas que le climat, lui, ne fait pas de pause.
Rapport Nexus de l’IPBES https://ipbes.canto.de/s/G04VO?viewIndex=0